El Padre

« El Padre se tourne vers la photographie dans les années 90. Il privilégie en premier lieu une démarche naturaliste essentiellement nourrie par l’émerveillement que lui procure l’observation de la nature. Il saisit ainsi l’infiniment petit par la macrophotographie puis capture sur le vif la faune sauvage avant de tourner son objectif vers les activités des hommes et leurs itinéraires singuliers. A travers des tirages au charbon dont il a le secret, usant exclusivement du noir et du blanc, il s’attache à traduire la profondeur de l’être humain, ses expressions, ses émotions et ses pensées, qui paraissent parfois résonner en un cri universel. Sensible au japonisme, le traitement minimaliste et épuré de certaines séries associe subtilement la simplicité du sujet à un certain jaillissement spirituel. El Padre s’inscrit en effet dans une démarche introspective, s’attachant à montrer ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, ce qui est fugitif et dont la Présence surprend, séduit et interroge. Pour ce faire, le photographe semble se muer en peintre, usant de son regard comme seul pinceau et de la lumière comme d’une palette. Ainsi, à la guise de son optique, tout ce qui vient à la lumière devient lumière, en une saisissante icône qui invite à la contemplation. »

Maximilien Ambroselli / Docteur en histoire de l’art 

« Chose étrange que l’itinérance des hommes et des bêtes, nous menant matériellement aux extrémités de la terre et qui pourtant, font aboutir nos chemins au cœur de nos intimités.

Le pied foule l’argile desséchée et fait de chaque avancée un soulèvement, une élévation de poussière en une saisissante liturgie d’ascension. À la transhumance, l’homme ne craint pas d’être seul, il est aussi foultitude en marche vers le port qui attend. Berger des Causses ou des Alpilles, pâtre de la Crau… prophète des chemins, pasteur connaissant ses brebis et que chacune connaît…

Transhumant de sa vie, d’une vie en instance de voyage intérieur, il n’est point ici question de folklore. Au pas lent des bêtes, vous les bergers, pénétrez en douceur dans le temps… qui dure. Indispensable viatique pour y rencontrer la Présence. »

El Padre