Alain Fabréal
Avec cette nouvelle série intitulée « La Montagne Magique », qui fait référence au roman éponyme de Thomas Mann, l’artiste
•ALAIN FABREAL• s’exprime sur l’espace et la grandeur infinie d’un territoire vierge, ouvert sous le ciel abandonné. Sous cette voûte noire des cieux, la chaîne blanche des montagnes. Sous la lueur d’une lune absente, des ombres noires, des arbres et des rochers sont projetés sur la neige. Ce sujet contient pour lui une dimension à la fois intime et suprasensible car de la Montagne Magique surgit toujours la providence.
Sa réflexion s’est cristallisée sur le contraste blanc et noir, entre neige et ombre, entre dessin et peinture, entre plan et profondeur.
Car tout l’enjeu du paysage tient dans ces deux opposés qui passent du détail du charbon concrétisé comme une roche, jusqu’à la perspective infinie des glacis qui composent le ciel. L’assemblage des deux produit un paysage profond, toujours en équilibre, toujours évanescent, aux frontières de ce qui est visible.
C’est là le sens de sa peinture, que de montrer par l’assemblage de matières différentes, un univers aux sensations imperceptibles. Le paysage des montagnes apparait, prend tout son sens et agit sur nous par transcendance car les créations de cette nouvelle série nous transmettent « la magie des montagnes ».
En montagne, le sablier du temps ralentit, les grains de sables sont trop grands pour s’écouler naturellement car la plus petite unité du temps est le mois. Des expressions comme "les jours passent" deviennent sans intérêt, presque incompréhensibles. La définition exacte d’un moment ou d’une durée est impossible. Les jours les plus chargés d’événements sont plus longs que les jours monotones.
Dans ce rapport avec l’impalpable temps qui agit, ce temps au caractère insaisissable et inéluctable, la magie du lieu prend forme.
C’est là où rien ne se passe, où l’inaction, l’oisiveté et la monotonie dominent. Ce sont des lieux vastes qui ressemblent à de grandes prisons, où Dame Nature règne, où les mêmes activités se répètent avec les mêmes personnes. Des "lieux vains et fades où gît le goût de la grandeur", d’après Saint-John Perse dans « Exil » ; l’artiste lui, a réussi à sublimer ces lieux énigmatiques.